Après la fée du poinsettia (ICI), je vous présente la fée du gui
La chanson du gui
Le soir étend sur les grands bois
Son manteau d'ombre et de mystère;
Les vieux menhirs, dans la bruyère
Qui s'endort, veillent et des voix
Semblent sortir de chaque pierre.
L'heure est muette comme aux temps
Où, dans les forêts souveraines,
Les vierges blondes et sereines
Et les druides aux cheveux blancs
Allaient cueillir le gui des chênes.
Barde, fais vibrer sous tes doigts
Les fils d'or de la lyre altière,
Et gonfle de ta voix de tonnerre
Pour chanter plus haut les exploits
Des héros à fauve crinière
Qui, devant les flots triomphants
Et serrés des légions romaines,
Donnèrent le sang de leurs veines
Pour sauver leurs dieux tout puissants
Et le gui sacré des grands chênes.
Gaulois, pour vos petits-enfants,
Cueillez aux rameaux verdoyants
Du chêne des bois frissonnants
Le gui aux feuilles souveraines,
Et dont les vertus surhumaines
Font des hommes forts et vaillants.
Cueillez pour nous le gui des chênes.
Gaston Couté (poète et chansonnier français 1880-1911)